Un chalutier, un pêcheur et une psychologue. (Andrew)
Donna Schiavone
Mer 25 Mar - 22:29
Un chalutier, un pêcheur et une psychologue
Donna & Andrew
Grutness. Dernier arrêt, le voyage fut long et intense. Naples-Londre, court mais finalement interminable. Les enfants qui pleurent, les gens indisciplinés qui parlent trop fort, l’odeur nauséabonde de certains négligés. J’ai bien cru ne pas pouvoir me retenir. Mais j’ai tenu bon, en partie grâce aux verres que l’on m’a servi pour me décontracter. Je ne sais plus combien il y en a eu, sûrement trois ou quatre. Mais avec l’habitude ça a juste suffit à me calmer les nerfs. Arrivée à Londres, trois heures d’escale. Un café bien serré, un autre whisky, du shopping pour utiliser tout l’argent sale amasser par mon ancien mari. Bien fait, radin. Je n’ai pu l’empêcher de regarder les jouer pour enfants, j’ai du mal à me faire à l’idée qu’il ne reviendra pas. Quelques larmes séchées, un autre whisky et c’est reparti. Un deuxième avion pour m’envoyer à Grutness, cet endroit où je n’ai jamais mis les pieds. J’ai déjà froid rien qu’en entendant ce nom. Pendant les années passées à Londres, le soleil de Naples m’avait manqué. Les températures estivales, ma langue natale. Mais là, ça serait encore pire. Mieux vaut ça que la mort. Quoique ?
Avant dernier vol plus rapide. Nous gagnons la terre ferme alors que je me suis assoupie. Je Demande renseignement à une hôtesse pour mon prochain vol. Elle me toise de haut en bas avant de me répondre qu’avant demain matin, j’avais le temps de prendre une chambre d’hôtel. Je m’apprête à lui répondre froidement quand je me rends compte de mon erreur. Je me suis trompée, de date pour mon dernier vol. Je récupère mes bagages, épuisée et énervée. On m’indique le port où je pourrai peut être trouver une âme charitable pour me conduire sur cette maudite île. Je hèle un taxi, exaspérée d’avoir attendu si longtemps. On me dépose sur le port. Une odeur de poisson pourri s’élève, j’en ai la nausée. Je me dirige vers la capitainerie, demande si un bateau part en cette fin d’après midi. Je reçois un joli non. Frustrée, je m’assois sur une de mes valises, fume une cigarette et tente de me calmer. Un verre me ferait du bien. J’observe les quais déserts et aperçois finalement un homme barbu au loi. J’écrase ma cigarette, traine mes valises derrière moi et tente le tout pour le tout.
Bonjour.. monsieur. Pourriez vous me déposer sur l’île de l’institut ? Je marque un léger temps d’arrêt. J’ai l’impression qu’il ne m’écoute qu’à moitié. J’ajoute un : S’il vous plaît ?
(c) DΛNDELION
Andrew Hasting
Sam 28 Mar - 19:41
un chalutier, un pêcheur et une psychologue
donna schiavone & andrew hasting
Le travail d’un marin ne se limite pas à jeter les filets dans l’océan et les remonter, répétant le geste à l’infini pour remplir les cales de poissons. C’est presque la partie la plus simple. Ce qui rend la chose pénible, c’est le temps. Quand il déverse sa pluie, quand il tanne la peau par trop de soleil, quand il gronde, tempête, monte les vagues au-dessus de la cabine et les creuse aussi profondément qu’un ravin. Le retour au port n’est pas la fin de l’ouvrage, hormis assurer la vente de la cargaison, il faut maintenir le matériel en état, filets et navire. S’il faut attendre des pièces détachées dans l’île, cela peut durer longtemps. Andrew préfère s’approvisionner directement à Grutness, quite à y passer un jour, réparer sur place, faire le plein de diesel, repartir avec de la nourriture et un pantalon de travail neuf. Il prévoit sa liste précise. Il commande parfois, sachant que son besoin n’est peut-être pas sur les rayons du mécano du coin.
Aujourd’hui est ce jour où il bloque son temps en ville. Il a fait plusieurs va-et-vient. Il a changé une poulie. Il a apprit à se débrouiller de la pêche et de la mécanique. Quand on tombe en rade en pleine mer, pas la peine d’appeler l’assurance zéro kilomètre, ça ne marche pas pour les marins. Il faudrait vraiment qu’il soit en détresse pour demander de l’aide. C’est son dernier tour, pour le ravitaillement. Il monte à bord avec sa caisse. Il lui suffira de la caler dans la cabine, il ne restera plus qu’à défaire les amarres, mettre le moteur en route et le chalutier “Moon River” reprendra la direction de son port d’attache. Un programme simple s’il n’y avait cette voix de femme qui insiste. Il daigne tourner la tête. Il la détaille de la tête aux pieds, il inspecte dans la foulée les valises. Il repartirait à ses occupations, si elle ne s’était pas montrée polie. Alors il lui rend la politesse et lui répond.
— Non.
code by exordium.
Donna Schiavone
Dim 29 Mar - 22:49
Un chalutier, un pêcheur et une psychologue
Donna & Andrew
Se tromper de jour, avoir la tête ailleurs. Voilà ce que je fais quand j’appréhende une nouvelle situation et finalement une nouvelle vie. Loin de tout, loin de mon Italie et surtout de ce passé qui me tue à petit feu. Je ne serai peut être à l’abris pour toujours là-bas mais sûrement un peu de répit. Quoique s’ils me trouvaient, je rejoindrai la chaire de ma chaire plus rapidement que prévu. Mais nous sommes loin de tous mes tracas, il s’agit de tout autre. Je me trouve dans un port qui dégage une odeur de poisson pas frais (normal pour un port), face à un homme qui vient de me coller un non. C’est on ne peut plus clair. Je lève les sourcils sous l’effet de la surprise. Mes yeux descendent de haut en bas et mon esprit se demande comment peut être aussi connard. Pas que je ne connaisse pas d’hommes dans son espèce mais tout de même.
J’ai de l’argent, ne vous en faites pas. Je ne me permettrai pas de vous demander ça gratuitement. Je m’approche un peu avant d’ajouter pour tenter de détendre l’atmosphère. Vous ne me laisseriez pas y aller à la nage avec tous mes bagages, n’est ce pas ? Je me force à émettre un rire amusé. Si je ne tenais pas tant à ce qu’il m’escorte sur l’île je lui aurais dit d’aller se faire voir. Avec ma langue natale, bien entendu.
(c) DΛNDELION
Andrew Hasting
Sam 25 Avr - 18:20
un chalutier, un pêcheur et une psychologue
donna schiavone & andrew hasting
Elle répond. Elle insiste. Qu'y a-t-il donc d'incompréhensible dans le mot "non" ? C'est clair comme réponse. Mais la femme insiste ! Il avait bien remarqué l’accent chantant dans ses premières phrases, il le perçoit de nouveau. D’où vient-elle celle-là ? Une de plus qui va à l'Institut. Un fief dans une ile. Un royaume dans le royaume. Une école recluse loin des vicissitudes du monde. Hermitage. Oasis. Refuge. Il y a de tout en locataires, étudiants et enseignants. Il se tient à l’écart de ce regroupement d'individus qui ne ressemblent absolument pas aux habitants, les vrais. Une de plus dans l'île. Elle le prend pour un chauffeur de taxi ? Il va répondre avec son propre accent d’après ce que disent ces connards d’anglais, non ce ne sont pas les écossais qui ont un accent, ce sont ces connards d’anglais et ces étrangers qui envahissent les terres du nord, les terres sauvages.
— Je ne fais pas taxi. Il y a un avion pour ça.
Il tend le bras, le doigt en prolongement, dans une direction qui ne laisse voir que l’eau et le ciel qui se rejoignent sur l’horizon.
— A la nage, c’est tout droit par là. Si les courants vous sont favorables et que votre valise flotte bien, vous y serez peut-être demain.
Mais à voir la dame et les bagages, il est bien plus probable qu’elle servira de diner aux poissons et la valise de rocher pour des coquillages. Il reprend sa caisse de ravitaillement et s’engouffre dans la cabine. Presqu’aussitôt, il refait surface avec la ferme intention de larguer les amarres pour rentrer chez lui, seul !
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Un chalutier, un pêcheur et une psychologue. (Andrew)
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