Un besoin de sérénité se fait ressentir. Des jours que je découvrais mon nouvel habitat, je peux dire. De la verdure et l’océan. J’avais déjà tenté une baignade. J’espère avoir gagné dix ans en vigueur tant elle était froide. Mais au moins, je demeurais lucide et mon envie de poison diminuait presque. C’est donc en ce début de soirée, que j’avais pris la direction du parc, pour assouvir une envie de solitude, afin de m’offrir une séance de Tai – Chi. Une pause de bien-être dans cette agitation. Me reconnecter avec mon Qi. Ca m’a fait bien rire au début maintenant c’est un mal nécessaire pour éviter que je m’éparpille. Je réalise une séance avant chaque exécution de contrat .. Disons que cela sera faite, avant chaque cours. Je prends une grande inspiration, la bloque, fait un mouvement lent, partant du bras gauche, passant au dessus de ma tête et touche mon bras droit et j’expire. Je me renfrogne d’un coup. Je l’ai senti de loin. L’appel de la délivrance. Qui osait me déranger durant une séance ? Je tente de me recentrer mais non, l’odeur me chatouille les narines. Je soupire. On est quatre chameaux et deux tondus mais non, faut quand même qu’il y ait une distraction – et ce n’est pas un compliment – pour venir me perturber. Je laisse tomber la quete de la paix intérieure, c’est quand même le comble dans cette prison ouverte. Tel un animal désireux de dévorer sa proie, je suis l’odeur, et m’étonne même qu’elle soit – au final – si loin. Au travers d’un sapin, je découvre le fauteur de trouble. Deux fumeurs, nous étions, à présent. j’avais presque envie de le prendre dans mes bras, pour lui voler son paquet. Petite voix – ma conscience – me fait les gros yeux. Je n’avais plus de cigarettes, et avoir un distributeur à portée de mains, c’était des plus tentants. Ainsi donc, nous avons un fils des Enfers.. Si j'en crois son perfecto. Prétentieux ! Très dissuasif comme accoutrement, il faut l’avouer. J’allais opter pour la direction opposée mais l’idée d’avoir mon poison entre les lèvres m’enchantent davantage. Je marche à pas de loup, j’ose une main sur son épaule .. Je n’avais clairement pas prévu de me retrouver sur l’herbe avec un poing à quelques centimètres de mon visage. J’aurais été une personne lambda, j’aurais probablement crié mais là, j’expire juste un coup de pression et refreine mon envie de répliquer.  S'il voulait faire un tour de force, il n'aurait pas arrêté son geste. « J’allais juste te demander une clope, gamin. » Malgré la pénombre qui nous enveloppe, je peux aisément conclure que c’est un élève.

« La prochaine fois que vous voulez une clope, évitez de le faire en me prenant par surprise. Cela évitera ce genre de… Déconvenues. » Je ne pouvais pas le nier, il marquait un point pour le coup. Cela m’avait permis de découvrir des aptitudes certains chez ce jeune homme. Le deuxième élève que je rencontre et il a la faculté à pouvoir se défendre également. Était-ce induit dans leur don ? Je réceptionne le paquet. « Si tu assistes à un de mes cours, considères que tu auras au moins cinq points au prochain contrôle. » Je t’en prie, ne me regarde pas comme ça. J’ai le droit de lui laisser l’avantage de me soudoyer, au moins une fois. Je tire une clope – belle qualité – et la porte à ma bouche. Le simple geste me calme aussi. On repassera pour ne fait qu’un avec mon Qi. Je ne l’allume pas tout de suite, pour me donner cette impression que je contrôle encore mes Enfers. Je lui rends son paquet de la même qu’il m'est parvenu. Mes billes bleues le détaillent, il semble avoir bien vécu, malgré son jeune âge. Qu’a-t-il bien pu affronter pour être en alerte de la sorte ? Enfin, non, son perfecto donnait le ton. La question était plutôt à quel point, ce qu’il avait du faire, avait abîmé son âme ? Je me détourne de lui, fixant un point imaginaire. « D’où viens-tu ? » Cela me donnera plus d’informations sur ce qu’il était, son rôle. « Comment as-tu appris à neutraliser un homme ? » Question directe, autant ne pas laisser de suspens. Je place la cigarette dans la poche de ma chemise en lin et fourre mes mains dans mes poches. Etonnement, je n’avais pas spécialement froid ou bien, j’avais enfin réussi à m’adapter aux températures ? « Tu as choisi quoi comme cursus ? » Je me montrais bien trop curieux mais il avait réussi à piquer ma curiosité. J’avais presque envie de lancer une offensive pour connaitre ses capacités à la défense. Je devrais peut-être demander à mener un autre cours tiens. On arrive devant la cour de l’école, et je me pose sur la rembarre d’un des couloirs extérieurs. Et bien évidemment, étant des plus logiques, j’allume ma clope. Ne sait-on jamais, quelqu’un passait par là alors que j’avais à loisir de fumer plus discrètement. J'aimais bien trop m’apporter des problèmes. Ou retourner dans le bureau de la dirlo. Je secoue la tête et hume l’odeur bienfaitrice de ma bonne amie Nicotine.

Je termine ma cigarette et l’écrase au sol avant de mettre le mégot dans ma poche, attendant de trouver une poubelle. Il y en avait trop peu, à mon goût. « Et c’est quoi votre cours ? » Je me fais violence pour ne pas le détailler plus encore. Il devait se sentir mal à l'aise d'être passé au crible et qui sait comment il peut réagir. Je préfère fixer un point vers l'horizon.  « J’embauche pour vous apprendre à ne pas faire du bruit mais produire de la mélodie. » Dit comme ça, cela n'étais pas franchement attrayant mais j'avais déjà une vision globale de comment j'allais mener mon cours. Je ne savais pas si c’était un pari risqué parce que si j’en crois la brochure, les filières étaient de haut vol et je continuais de croire que ma matière – qui n’était qu’option – soit passé à la trappe. Mais bon, cela me servait quand même de couverture pour mon premier métier. Je l’écoute attentivement se présenter. De la boxe, je comprenais mieux. « Oh, je vois, c’est un sport assez physique. Ca permet de canaliser son énergie, je trouve. Tu fais des compétitions ? » Je marque une pause, respirant l’air rafraîchissant comme si cela pouvait nettoyer mes poumons noircis. Avec les informations détenues et sa posture, je savais que j’avais à faire à bien plus qu’un boxer lambda, même son manteau hurler pour lui, son appartenance. Mais je n’avais à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je m’étais déjà montré bien trop curieux et je n’avais guère envie d’en dévoiler à mon tour. « Business. » J’arque un sourcil, étonné par son choix. « Cela consiste en quoi au juste ? Gestion d’entreprise ? »