La Rentrée avait eu lieu il y a peu mais, pourtant, tes nouvelles recrues et les plus anciennes n'avaient pas encore réellement eu l'occasion de faire connaissance, et ainsi créer des liens. Il fallait dire qu'en entretenir, sur l'île, était même primordial, puisque après tout, cette vie d'insulaire était parfois synonyme de solitude. Pour y remédier, tu avais toujours eu tes petites astuces, classiques, certes, mais la plupart du temps très efficaces. Ainsi, tu avais fais parvenir à chacun des résidents membre du personnel une note, proposant aux volontaires de se retrouver en ville aux frais de l'Institut, afin de boire un verre et peut-être manger entre collaborateurs, amis éventuellement. Tu n'avais eu que peu d'heures de cours à dispenser ce samedi matin, et profitait donc de l'après midi relativement ensoleillée qui se présageait pour t'adonner à l'une de tes activités de prédilections, l'équitation. Deux heures durant, après t'être rendue au complexe sportif, tu avais parcouru les sentiers de l'île, savourant le beau temps ambiant et avec lui, le printemps naissant. Une fois ta promenade équestre terminée, tu retournais à tes appartements. Toujours impeccablement rangée, ton salon était bercée par une agréable lumière, présageant une belle soirée à venir. Soit, après avoir pris le temps de traiter quelques requêtes administratives puis répondu à quelques mails, tu te rendais dans la salle de bain, prenant une douche rapide puis entreprenant de te préparer à cette fameuse sortie extrascolaire. Tu optais pour quelque chose de moins conventionnel pour ta personne, un jean taille haute bleu foncé, ainsi qu'une blouse fluide noire à motifs blancs. Tes cheveux resteraient détachés, et ton minois, lui, serait comme à son habitude orné d'un rouge à lèvre corail et d'un trait de liner sobre. Un coup d’œil sur l'heure, puis tu attrapais tes cigarettes et ton blazer, enfilant enfin tes escarpins avant de quitter la pièce en veillant à fermer ta porte à clé. Un bus te permit de te rendre en ville en une trentaine de minutes depuis l'aérodrome. Tu ne mis ensuite pas bien longtemps à rejoindre l'un des bars en vogue du petit centre insulaire et relativement calme, surtout à cette période de l'année, encore bien fraîche. Tu avais consciencieusement choisis ce dernier afin d'instaurer une ambiance plus détendue, plus propice aux rires et aux rapprochements, espérant toutefois ne pas croiser d'élèves en vadrouille. Tu saluais le gérant ; tu le connaissais bien, tu l'avais en réalité toujours connu, depuis ton enfance, ce dernier étant lui même originaire de l'île. Il s'attendait d'ailleurs à te voir, sachant que tu ne tarderais pas à proposer à tes collègues un verre. La chose fut faite, effectivement, et tu prenais place à une table plus ou moins isolée, dans le bar aux allures de pub irlandais, boisé et vitré mais tout de même entretenu et bien famé, abritant quelques bouteilles poussiéreuses et d'autres encore bien trop onéreuses à ton goût. Tu commandais un verre de vin blanc, optant pour quelque chose de classique en attendant l'arrivée de tes congénères, observant les rues et ses passants en tapotant tes doigts sur le rebord de la table épaisse en bois, au rythme de la musique qui passait en fond.

À peine une semaine après mon arrivée, une soirée entre collègues nous avait été proposée. La directrice nous avait invité à se retrouver au bar de la ville pour, je l’imagine, apprendre à se connaître. J’ai, dans un premier temps, songé à décliner l’invitation ne souhaitant pas forcément me mêler à de quelconque rapprochements. Ma discussion à la salle de sport avec Chris me paraissait déjà être une grande avancée. Moi qui m’étais promis, depuis l’accident de ne vivre que pour mes patients. Ne plus s’accrocher pour ne plus souffrir. Seulement ne pas rencontrer mes collègues seraient sans aucun doute mal perçu, surtout que je ne souffrais d’aucun symptômes qui auraient pu excuser mon absence. Alors j’avais accepté. Je venais de terminer de me préparer avec pour seul ami mon whisky irlandais qui m’avait accompagné pour deux verres. Ni plus ni moonscape ne pas arriver dans un état second était préférable. Vêtue d’un jeans taille haute, d’une chemise rouge recouverte par une veste noire, de mes escarpins noirs, je prie mon sac Gucci que je remplis de mes cigarettes mon téléphone et mon porte feuille. Fin prête après avoir appliqué un rouge à lèvres rouge, je sors de ma chambre et me dirige vers l’entrée de l’institut. J’ai rencontré Chris qui semble être partout où je vais, nous avons fait le chemin ensemble. Je ne sais pas si c’était la meilleure chose qui me soit arrivée aujourd’hui mais je dois reconnaître qu’il est bon comme dragueur de supermarché. Nous entrons dans le bar, recherchons nos collègues et finalement les yeux tombent sur Helen, la directrice. Nous nous dirigeons vers elle. Je braque un petit sourire sur mes lèvres et lui adresse un Bonsoir. avant de lui serrer la main.

Tu te surprenais à marmonner les paroles de quelques chansons qui passaient ; tu n'étais pas spécialement en avance mais tu n'avais pas été très à cheval sur l'heure du rendez-vous après tout, il s'agissait d'une invitation à qui voudrait bien venir, aux alentours de 20 heures. Ton verre était déjà bien entamé lorsque tu faisais un signe de la main habituel au barman, lui faisant comprendre d'amener quelques salés et autres chips. Quoi? Une directrice pouvait se décoincer un peu, entre collègues, non? Les mots d'Isaac te revinrent à l'esprit ; souvent, plus jeune, il te disait de ne pas trop te guinder autrement, jamais tu ne trouverais de mari. Un sourire amusé se dessinait sur tes lèvres tandis que tu pensais avec nostalgie à ses mots. Une nouvelle gorgée. Bonsoir. Ton visage se tournait soudainement vers Donna. Tu te redressais, te relevant. Donna, Christopher, bonsoir ! lâchais-tu amicalement, d'une voix douce, avant de serrer la main de chacun d'entre eux, les invitant enfin à prendre place avant de faire un nouveau signe au patron des lieux. nous sommes les premiers arrivés ? Tu hochais la tête, regardant l'homme vêtu sobrement et élégamment, avant de t'adresser aux deux interlocuteurs présents. Effectivement, pour l'instant, nous ne sommes que nous trois.. L'occasion de découvrir notre nouvelle recrue ..? disais-tu tranquillement, avant de regarder la femme à tes côtés dans les yeux, curieuse et bienfaisante. Le barman arrivait, demandant à chacun ce qu'il comptait boire. Donna était follement élégante ; coiffée simplement, maquillée avec soin et pourtant si naturellement.. Elle était une très belle femme, sans aucun doute.