Voilà que Styx était de retour à l’institut. Enfin, il ne l’avait jamais vraiment quitté mais il avait été isolé pendant quelques temps. Et le voilà qui arpentait à nouveau ces couloirs comme si le temps s’était arrêté et que tout reprenait vie sur son passage. Sa punition n’avait duré que quelques semaines et pourtant le jeune homme avait l’impression d’avoir quitté le bâtiment principal de l’institut pendant plusieurs années. Mais rien n’avait changé. Cela était à la fois rassurant et terriblement décevant.

En montant les étages pour retrouver sa chambre, Styx croisa de nouveaux visages. Des nouveaux avaient dû faire leur arrivé depuis qu’il avait été exclu. Le garçon se passa une main lasse dans les cheveux. Il n’avait plus le droit à l’erreur maintenant. Il ne savait d’ailleurs même pas s’il était autorisé à suivre les cours ou s’il allait devoir faire ses valises pour retourner chez lui. Il avait un entretien plus tard dans la journée avec la directrice. Il serait fixé avant la nuit.

Chez lui… La plage, le soleil, les filles, la fête. Et son frère. En repensant à son frère et aux menaces qu’il avait proféré avant son départ, le coeur de Styx se mit à battre plus vite. Trop vite. Son frère était-il au courant de son exclusion temporaire ? Si oui, cela signait l’arrêt de mort du garçon. Enfin techniquement, son frère le laisserait en vie. Peut-être. Il prendrait une sacré raclée en rentrant, ça c’était sûr, il l’avait mérité. Mais il serait exclu des Sons of Hadès. Et ça c’était pire que la mort pour Styx. Non, cela ne pouvait pas arriver.

Le garçon inspira profondément en continuant à grimper les marches imposantes de l’institut. Il était fatigué. De lui, des autres, de tout. Il avait beau vouloir rester à bonne distance des emmerdes, il finissait toujours par plonger dedans. En même temps, depuis son arrivé il n’avait qu’une envie, rentrer chez lui et reprendre le cours de sa petite vie. Mais ce fameux matin, il n’avait pas trouvé un billet d’avion pour Fort Myers. Oh non, la directrice de l’institut était bien plus maligne que ça et elle avait d’autres plans pour lui. Elle lui avait montrer ce qui se cachait derrière les murs de l’institut et le sort réservé aux petits rebels dans son genre. Et ce n’était pas beau à voir.

Après avoir fumé ma clope, il est temps que je rentre déposer mes affaires de cours dans ma chambre. L’après midi avait été agréable, les températures étaient en hausse mais je ne me baladais tout de même pas en robe légère. La brise constante de l’île était moins insistante mais persistait à nous embêter. J’avais eu cours tout la matinée et l’après midi pour réviser un partiel d’histoire moderne demain matin. La bibliothèque était un endroit où je me sentais chez moi. Entourée de livres à ne plus savoir par lequel commencer. Je n’avais pas vu le temps passer. J’étais prête pour demain.

L’année se déroulait pour l’instant sans encombre et m’avait apporté surprise inattendue. Un demi frère qui était devenu un amant secret. Comment expliquer cette situation à monsieur tout le monde ? Ne jamais l’expliquer finalement, personne ne devait savoir et encore moins nos parents. Seulement un jour ou l’autre on se ferait surprendre au détours d’un couloir. Un baiser prolongé, une étreinte qui dure et notre destin pourrait partir en vrille. Alors j’avais établi de vivre l’instant présent, de ne pas me méfier du danger pour vivre tout simplement.

C’est cette pensée en tête que je grimpe les marches qui me mènent au hall d’entrée. Mon sac sur l’épaule, je m’avance maintenant dans le hall et aperçois une silhouette familière qui m’avait sorti de moment de faiblesse deux fois. Je n’avais pas eu de nouvelle de cet homme aux milles tatouages depuis plusieurs jours. Il avait comme disparu. J’hésite, juste un peu, avant d’aller le voir. Je pose ma main sur son bras doucement voulant le surprendre. T’avais disparu ou quoi ? Je suis plus en forme que la dernière fois que nous nous étions vus, moins accablée par mes problèmes, plus légère. Un sourire se dessine sur mes lèvres, oui je suis contente de voir cet ennemi-ami.

Styx montait des escaliers de l’institut comme un zombie. Il était perdu dans ses pensées et regardait droit devant lui sans vraiment voir ce qui se trouvait juste sous son nez. Son esprit était parti loin, bien loin de l’institut. Il pensait à tellement chose qu’il avait l’impression que son cerveau ne se calmerait jamais. Tant de questions et si peu de réponse. Son entretien avec la Directrice aurait au moins le mérite de clore quelques-uns des sujets qui l’empêchais de dormir.

Il avait presque atteint le deuxième étage quand une main se posa sur son bras. Le Styx ordinaire se serait retourné avec son air hautain et son sourire en coin en lançant une remarque bien cinglante. Mais le Styx d’aujourd’hui était bien différent. Manque de sommeil, isolement, colère,… Il était une vraie bombe à retardement. Et ses mains qui tremblaient légèrement étaient le signe qu’il devait regagner sa chambre très rapidement avant d’exploser en public et de défigurer le premier mec qui croiserait son chemin. Et cela ne plaiderait pas en sa faveur s’il s’attirait des emmerdes à peine quelques minutes après avoir été relâché.

Styx se retourna vivement, attrapant la main qui s’était posée sur son bras à l’instant. Sa mâchoire était serrée et ses yeux lançaient des éclairs.

Ne craque pas. Ne craque pas. Ne craque pas. Calme toi.
Aller Styx tu peux le faire, ne pète pas un câble.

Son mantra tournait dans sa tête quand le visage devant lui prit enfin forme. Romy. T’avais disparu ou quoi ?

Salut Blondie.

Styx se détendit face à la jeune femme. Un visage familier. Cela lui faisait étrangement du bien. Comme s’il était de retour à la maison. Il ne put s’empêcher de détailler la blonde des pieds à la tête. Elle avait l’air en forme. Rien à voir avec la fille qui l’avait appelé en pleine nuit il y a quelques semaines. Il était content pour elle. Au moins une qui ne sombrerait pas dans l’enfer de cet institut.

Je t’ai manqué ?

Rien ne sert de lutter contre sa personnalité. Styx esquiva un sourire en coin tout en appuyant son dos contre la rambarde de l’escalier. Sa position l’amena à se trouver plus près de Romy et une douce odeur de cigarette s’infiltra dans ses narines. On ne l’avait pas laissé fumer là où il était et son sevrage forcé ne s’était pas très bien passé. Son manque de nicotine l’assailli de nouveau. Il se mordit légèrement la lèvre inférieur et serra plus fort la rambarde de l’escalier pour ne rien laisser paraître.

Styx est le premier avec qui j’ai fait connaissance. Le premier avec qui je me suis engueulée avant même d’atterrir sur l’île pour rejoindre l’institut. Le premier qui a réussi à apaiser mon angoisse dans un avion. Le premier qui m’avait vu dans un sale état dans la salle bain des filles. C’est donc tout naturellement que j’avais décidé d’aller à sa rencontre. Il se retourne assez rapidement posant sa main avec fermeté sur la mienne que je ne retire pas. Il semble plus tendu que d’habitude, sur le qui vive. Mais lorsqu’il plongea ses yeux dans les miens, j’ai remarqué son changement d’humeur. Ses traits adoucis, il me répond de cette voix qui ne s’oublie pas. Ce surnom me fait sourire et mes yeux se plient un peu plus, mon air malicieux se manifeste. S’il m’a manqué ? Bonne question.

Peut être bien, qui sait.

Un sourire en coin, je dépose mon sac à mes pieds sur la marche. Lui s’adosse à la rambarde de l’escalier, nous sommes plus proches. Je distingue un peu mieux les traits de son visage. Il semble plus soucieux, quelque chose m’échappe j’en suis certaine. Il tente de dissimuler une gêne pour ne pas en parler mais cela ne passe pas inaperçu. Pour ne pas l’embarrasser encore plus, j’engage la conversation.

Alors, où t’étais passé ? Je t’ai effrayé avec mes histoires de miroirs qui se brisent ?

Cette phrase fait écho à notre dernière rencontre qu’il n’a sans doute pas oublié. Voir un miroir se briser sans aucune raison doit poser question.

Styx répondit au sourire en coin de la jeune femme par un clin d’œil complice. C’était bon de retrouver Romy. Bizarrement, cela lui faisait du bien de lui parler. Est-ce que sa toute première ennemis serait en train de se transformer en amie ? Est-ce que Styx était tout simplement capable d’avoir des amies ? Il avait une fâcheuse tendance à briser tous ceux qui tentaient de s’approcher de lui. C’était peut-être le moment de faire des efforts.

Alors, où t’étais passé ? Je t’ai effrayé avec mes histoires de miroirs qui se brisent ?

Deux questions auxquelles Styx n’avait aucune envie de répondre. Deux questions qui l’empêchaient de dormir le soir et qui était la source de toute la tension accumulée ces derniers jours. Pour la première, il n’avait pas le droit de révéler où il était détenu. Il n’avait le droit de ne rien dire sur ce qu’il c’était passé. Foutu institut. Pour la deuxième, il n’avait pas envie de repenser à la scène des toilettes non plus. Styx ne comprenait toujours pas comment Romy ou Eydis pouvait faire des choses avec leur esprit. Cela le dépassait. Et tout ce qu’il ne comprenait pas lui tapait sur les nerfs.

J’étais dans le coin,… Tu étais surement trop occupée ailleurs pour faire attention à moi.

Un sourire s’afficha sur le visage de Styx. Faire diversion, bonne technique. Esquiver et changer de sujet. D’habitude, il était plutôt du genre fonceur. Il était le genre de mec à mettre les deux pieds dans le plat, à parler avant de réfléchir. Mais aujourd’hui était différent, il rêvait de prendre une douche et de dormir pendant plusieurs jours. Peut-être qu’il se réveillerait chez lui, dans son studio, avec une gueule de bois de l’enfer et qu’il réaliserait que toute cette histoire d’institut n’était en fait qu’un mauvais rêve. Peut-être. Peut-être pas.

Alors, quoi de neuf, Blondie ?

La fatigue, la nervosité, le manque de nicotine, tout cela commençait à entamer les dernières forces de Styx. L’air de rien, il s’assis sur une marche de l’escalier, contre la rambarde comme s’il s’installait pour une conversation anodine avec une jolie fille. Il remonta ses genoux et appuya ses bras dessus.

Nous n’avions jamais reparlé de cet épisode. Peut être parce que nous ne nous étions pas recroisés depuis où tout simplement parce que ni lui ni moi n’avions eu envie de le faire. Mais ça avait été plus fort que moi. Je ne connais pas bien Styx mais j’ai appris qu’il était du genre rentre dedans à ne pas avoir peur d’affronter la réalité. Mais là il n’en fit rien. Pire il esquiva le sujet avec délicatesse. J’avoue être surprise mais je ne rebondirai pas dessus ayant déjà tendu la perche pour en discuter. Il était dans le coin ? Trop occupée pour faire attention à lui ? Ces deux phrases restent en suspend et le laisse matière à réfléchir. Nous étions tous deux en premier année et donc amenés à nous croiser dans les couleurs seulement je n’avais pas aperçu ses beaux tatouages ces derniers temps, j’en étais certaine. Trop occupée ? Peut être.. avec Hardin et cette histoire dans laquelle nous nous étions embarqués. Les cours dans lesquels je m’étais plongée. Mais tout de même on ne passe pas à côté de Styx sans le voir.

Mouais. Si tu passes à côté de moi je te remarquerai, c’est certain. Qui d’autre est recouvert de tatouages ici ? je lui donne un petit coup de coude pour le taquiner. Mais j’avoue que ces derniers temps, je n’ai pas vu les jours passés. Les premiers exams ont été durs. Ça a été pour toi ?

Je le lui demande alors qu’il me demande ce qu’il y a de neuf dans la vie de Blondie. Est ce que je devrai tout lui déballer ? Que j’aurais bien pu sauter d’une falaise avec mon demi frère sans avoir aucune peur de la mort ? Que je sortais en cachette avec mon demi frère ? Non, rien de tout cela ne devait sortir. Il s’asseoir sur une marche, j’hésite un instant et décide d’en faire autant pour être à sa hauteur. Nous sommes l’un à côté de l’autre, comme deux amis. Deux amis ? Ça me ferait presque sourire. Pas grand chose, une vie d’étudiante en somme.. et toi ? T’as l’air.. différent.. C’était plus fort que moi, j’avais du poser la question. Il ne tirait pas la gueule, il n’avait pas l’air en colère mais je ne sais pas j’avais l’impression que quelque chose m’échappait. Je tentais de capter son regard pour y lire quelque chose.

Alors que la blonde continuait aimablement la conversation, le cerveau de Styx carbure à 1000 à l’heure. Trop de chose occupe son esprit, il n’arrivait pas à se concentrer sur la même idée pendant plus de quelques secondes. Demain était un autre jour. Demain, il serait fixé sur son sort. Peut-être qu’un retour à la vie normal n’était pas si mal finalement. Il n’avait pas besoin de l’institut pour s’en sortir. Il pourrait survivre, même sans le club. Enfin, il pouvait tenter de s’en persuader.

Mouais. Si tu passes à côté de moi je te remarquerai, c’est certain. Qui d’autre est recouvert de tatouages ici ?

Styx esquissa un léger sourire en coin à la réflexion de Blondie. Il est vrai qu’il ne passait pas inaperçu à l’Institut. Il n’avait pas le même look que ses petits camarades. Il ne venait pas du même milieu.La seule exception pour le moment était Eydis qui semblait connaître la violence des familles hors normes. Mais il n’avait pas aperçu ses yeux verts depuis son retour. La blonde repris la conversation, tirant heureusement Styx de ses sombres pensées.

Mais j’avoue que ces derniers temps, je n’ai pas vu les jours passés. Les premiers exams ont été durs. Ça a été pour toi ?

Les exams. Voilà encore quelque chose qu’il allait devoir rattraper. Enfin si la Directrice l’autorisait à reprendre les cours. Rien n’était moins sûr.

Ouai, ça la fait.

Il haussa distraitement les épaules. Comme s’il se fichait bien de ses exams. Comme si ce n’était pas une énième source d’angoisse dans son cerveau détraqué. Alors que le jeune homme cherchait un moyen de détourner une nouvelle fois la conversation sur un autre sujet, Romy s’en chargea pour lui.

Pas grand chose, une vie d’étudiante en somme.. et toi ? T’as l’air.. différent..

Cette fois, Styx ne pu retenir un sourire. Moqueur ? Ironique ? Blondie était différente. Elle cachait quelque chose. Il pouvait le voir facilement dans ses yeux. Lui aussi cachait bien des secrets. Et ils étaient là, tous les deux à faire comme si de rien n’était et à converser comme deux bons vieux amis. Quelle blague.

Rien de bien nouveau aussi. Juste crevé. Je n’ai pas passé la nuit seul et je n’ai pas beaucoup dormi, Blondie. Mais ne t’inquiète pas, tu retrouveras ton beau fils d’Hadès en pleine forme demain.

Un clin d’oeil et un rapide mouvement, Styx était de nouveau debout. Une nuit délurée avec une belle demoiselle ? C’était crédible. Il avait cette réputation basée uniquement sur son apparence. On avait pas cherché à le connaître et pour une fois, cela allait jouer en sa faveur. Mais le conversation devenait trop périlleuse pour le moment et il n’avait pas les idées assez claires pour gérer.

On se voit plus tard ? Envoi moi un SMS si tu veux faire quelque chose ce soir.

Il ne développa pas plus que ça sur les examens et dans le fond ça ne m’étonne pas vraiment. Je voyais mal Styx disserter sur les différentes réponses qu’il avait donné à telle ou telle question, ça ne lui ressemblait pas. Mais quand même, il y avait un truc qui clochait. Quelque chose qui m’échappait. Je ne percevais plus dans son regard ce petit brin d’énergie communicative, cette envie d’envoyer foutre tout et tout le monde. Je n’avais d’ailleurs pas pu me retenir et lui avait demandé s’il allait bien. Qu’il avait l’air différent. Je ne le connaissais pas suffisamment mais peut être assez pour savoir qu’il ne s’apitoierait pas sur son sort comme j’avais pu le faire lors de notre dernière rencontre. Il avait l’air, d’habitude, tellement fort et sur de lui même.

Son sourire me laissa pantoise. Que voulait il signifier ? Il semblait se moquer de moi. Je ne comprenais pas vraiment mais ne lui en voulait pas. Styx restait Styx et ça m’allait très bien comme ça.

Oh je vois, Don Juan des enfers a encore frappé. Quelle délicatesse.

Je secoue la tête en rigolant. Je n’y crois pas trop mais je ne dis rien. Qui je suis pour fourrer mon nez dans ses affaires alors que moi-même j’ai des secrets ? Sans que je ne sache comment il se retrouve de nouveau debout après m’avoir balancé un clin d’œil. Je le regarde faire et plus précisément prendre congé. Il tente vraiment de se barrer là ? Je reste assise à le regarder sans comprendre. Je peux tout juste articuler un :

Ok. Ouais, si tu veux..

Il commence à se retourner quand finalement je me mets debout et attrape sa main pour le retenir. Quelque chose clochait, j’avais besoin de comprendre. Je pense que je m’en faisais pour lui. La blague.

Styx, tu promets que tu vas bien, hein ?

Ouais, je me suis attachée à ce mec qui semble avoir un cœur de pierre, inaccessible. Mais il a avait été présent quand j’avais tant besoin d’aide. Il n’avait pas flanché, pas même quand j’avais brisé ce putain de miroir. Alors je devais être sure qu’il allait bien avant de me tourner le dos comme ça.

Sujets délicats, évités. Conversation polie et courtoise. Voilà une tâche finement menée. Maintenant, prendre congé et se barrer avant que Blondie mette son nez là où il ne fallait pas. Mais Styx avait surestimé sa tactique d’évitement. Alors qu’il pensait pouvoir mettre les voiles en direction de sa chambre, il sentit Romy lui attraper la main.

Styx, tu promets que tu vas bien, hein ?

Que pouvait-il répondre à cela ? Non, Romy ça ne va pas. J’ai foiré en beauté. J’ai fais une belle connerie et maintenant, j’ai la directrice sur le dos. Je risque de rentrer chez moi par le premier avion demain matin et mon frère va s’occuper de détruire ma belle gueule comme j’ai détruit mon avenir.

Ouai, bien sûr que ça va. Je te l’ai dit, je suis juste crevé.

Le jeune homme fit tout de même un pas en arrière pour plonger son regard dans les yeux de la blonde. La tempête faisait rage dans ses iris. Comme toujours. Impossible de savoir quand la tempête qui le rongeait à l’intérieur allait se déchaîner à l’extérieur. Mais l’orage grondait, plus puissant que jamais.

Est-ce que tu t'inquiète pour moi, Blondie ?

Le visage de Styx était dur, presque sévère. Il était concentré pour tenter de déchiffrer le regard de la blonde face à lui. Comme s’il pouvait lire tous ses secrets juste en se concentrant sur son visage angélique. La tension s’était accentuée, l’air était devenu électrique. La moindre étincelle et le feu ravagerai tout sur son passage.

Je n’avais pas pu m’en empêcher. Le laisser partir sans vraiment m’assurer qu’il allait bien n’avait pas été une option. Peut être que finalement j’accordais beaucoup plus d’importance à cet homme tourmenté plus que je ne le pensais. Il se tourna vers moi, sûrement surpris par ma main qui ne voulait pas le lâcher. Mais qu’importe, je n’avais pas à m’en faire sur ce qu’il pourrait penser de moi. Il m’avait vu dans un état des plus plus critiques.

Mais il n’en fait rien. Il me dit aller bien, juste crevé. Je n’y crois toujours pas mais qui suis je pour le forcer à me parler ? Il se recule un peu juste assez pour ancrer son regard dans le mien. Mes yeux le scrutent, attendent un signe de leur part comme s’ils pouvaient témoigner pour lui. Et ils le font, sans qu’il ne s’en rende compte je perçois cette faille mais je ne saurais la nommer.

Nous restons face à face et il me demande si je m’inquiète pour lui. Bonne question. Mais je ne sais pas si Styx est capable d’entendre que, oui, quelqu’un s’en fait pour lui. Il doit faire partie de ces personnes qui ne veulent de la compassion de personne. Qui veulent vivre leurs tourments sans qu’on ne les fasse chier. Je ne sais pas pourquoi, sûrement l’air sévère qu’il m’adresse, je m’emporte un peu.

Ouais, je m’inquiète pour toi. J’ai le droit, non ? je suis à deux doigts de tourner les talons pour le laisser comme un con mais ça ne marcherait pas avec lui. Il n’est pas du genre à vous rattraper pour tout vous déballer. Du moins c’est ce que je ressens. Mais t’es tellement borné que tu ne me laisseras pas entrer dans ta vie. Je lui crache ça. Si on nous observe on nous prendrait sûrement pour des fous à réagir différemment en à peine quelques secondes. Mais je m’en contre fous. Ce qui m’importe là, tout de suite, c’est lui. Rien que lui.