Alors que le jeune homme continuait de fixer la blonde pour tenter de comprendre quelque chose à ses émotions, la voix refit  son apparition. Celle qu’il entendait de plus en plus fréquemment. La première fois, dans l’avion, cela lui avait fait peur, il n’avait pas peur de se l’avouer. Puis des choses bizarres s’étaient passées. Mais depuis son isolement, il l’entendait de plus en plus souvent. La voix féminine qui résonnait dans sa tête était de plus en plus présente. Mais il n’avait plus peur d’elle. C’était comme un compagnon sur lequel il pouvait compter, s’appuyer. Oh, il avait bien tenté de résister au début mais ses barrières étaient en train de flancher de plus en plus et Styx était sur le point de céder à cette femme qui lui promettait puissance et respect.

Styx ferma les yeux une seconde. Romy ne le lâcherait pas, il le savait. Elle tenterait de savoir ce qu’il se passait dans sa tête mais elle n’était pas prête pour découvrir la noirceur de ses idées, la violence de ses pensées. Mais peut-être que la blonde voulait vraiment l’aider, peut-être qu’elle voulait vraiment devenir son amie. Ou alors, tout ça c’était de la comédie de meuf qui se voulait populaire.

Ouais, je m’inquiète pour toi. J’ai le droit, non ? Mais t’es tellement borné que tu ne me laisseras pas entrer dans ta vie.

L’éclat de voix de la jeune femme, ramena Styx à la réalité. Voilà qu’elle s’énervait. Intéressant. Non, Romy n’était pas une blonde écervelée qui voulait jouer à la lolita et faire sa loi. Elle était une jeune femme complexe dont il avait pu apercevoir l’âme et la détresse cette fameuse nuit dans les toilettes. Mais il ne pouvait pas se livrer à elle. Pas maintenant, pas ici. Bon, il était temps de savoir si les choses étranges qui se produisait parfois en la présence de Styx pouvaient être contrôlées. Styx se concentra, serra la mâchoire et fixa le blonde. Il imagina que Romy était envahi d’un sentiment de confiance,  qu’elle acceptait ses paroles et le croyait quand il disait que tout allait bien. Il vit la blonde vaciller légèrement. Est-ce que ça avait marché ? La colère sembla quitter les yeux de la blonde mais quand elle fronça les sourcils en attendant sa réponse, il compris qu’il n’avait pas si bien réussi son coup que ça. C’était un début, mais peu concluant.

Ecoute Blondie, lâche l’affaire, ok ?

Styx se recula légèrement et lança un regard assassin aux élèves qui les observait. Le ton était monté et cela avait attiré l’attention. Et ce n’était pas dans l’intérêt de Styx de se faire remarquer aujourd’hui. Il n’avait pas envie de donner des billes supplémentaires à la Directrice pour le virer de l’institut.

Me voilà dans le hall d’entrée, dans les escaliers entrain d’essayer de comprendre ce qui n’allait pas chez ce jeune homme aux mille tatouages. Je n’ai aucune envie de lui tourner le dos, aucune envie de le laisser partir sans lui avoir montré qu’il peut compter sur moi. Oui, il le peut. Me parler de ses tourments, de ce qui le tracasse. Mais Styx ne faisait pas partie de ces personnes qui se laissent aller avec les autres. Impressionner, ne pas laisser transparaître ses émotions voilà ce que j’avais pu apprendre de lui.

Je me trouvais devant lui, un peu trop bête d’espérer qu’il se livrerait. Je n’étais pas celle qui le ferait changer en un claquement doigts, j’avais été trop ambitieuse. Je n’étais peut être pas celle qui pourrait percer sa carapace.

Il me fixa de manière intense après avoir fermé les yeux l’histoire de quelques secondes. Ses yeux me sondaient comme pour lire et jauger mes émotions. Et sans que je ne sache pourquoi ni comment je me suis dit qu’il était tant pour moi de l’écouter. De le laisser filer même si quelque chose m’échappait, encore. Ecoute Blondie, lâche l’affaire, ok ? Je le regarde une dernière fois avant de murmurer un Très bien, comme tu voudras. à son attention. Je l’observe jeter un regard noir à ceux qui nous entourent et le laisse filer.

Je me retrouve presque seule dans cet escalier avec une drôle d’expression affichée sur mon visage. Je me sens étrange, un peu comme dans l’avion lorsqu’il avait réussi à m’apaiser. J’étais réellement perdue. Je ne comprenais pas ce qui se passait sur cette île et en présence de ses habitants.