La nuit masque les silhouettes qui fuient une filiation rafistolée par un mariage refait. Ce que veulent les pères, ce que font les mères, les enfants en portent le poids. Ils n'ont rien voulu de l'étiquette qu'on leur a collé sur le dos. La nuit les enveloppe et les protège. Il l'emmène vers le lieu qu'elle voulait voir. Elle ne verra rien ou si peu, ce que les étoiles veulent bien. Il l'emmène au travers des chemins, puis coupe à travers bois, évite les maisons et la lueur du phare. Il connait le chemin pour l'avoir fait de jour et de nuit. Il sait qu'une erreur sera grave. Elle l'ignore et lui fait confiance pour le suivre n'importe où. La plage est là-bas, mais ce n'est pas là qu'il la mène. Il va du côté des falaises. Là où la terre tombe dans l'océan. Là où ils pourraient tomber sans faire attention, par ignorance des contours de l'île.
Il s'arrête. La végétation à peine dessinée est bien présente, des herbes hautes qu'au soleil on verrait pliées en un fin sentier. A cet heure, il faut savoir. Il passe derrière elle. « Tu as toujours confiance ? » Il demande. Il rit. Pas un rire de moquerie, un rire de bonheur qui se disperse rapidement dans l'air qui se déplace de plus en plus vite et fort alors qu'ils avancent vers le bord de la falaise. Il n'attend pas sa réponse. Il pose ses mains sur ses yeux et la guide en la poussant lentement. Ils sont maintenant immobiles. « Tu veux toujours connaitre mon lieu préféré ? » Cette fois, il veut une réponse. Il a besoin d'une réponse pour partager un secret.
(c) DΛNDELION
Romy Young
Ven 20 Mar - 23:15
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
J’ai bêtement cru qu’il me conduirait au banc sur lequel il passe la majeure partie de son temps. Sous les arbres dans le parc. Ou encore dans la forêt, à l’abri des regards libre comme un maquisard. Mais je suis tellement loin de la réalité que je risque de tomber de haut, du moins il serait préférable que je ne tombe pas.
J’ai l’impression que nous ne nous arrêterons jamais. Finalement il a choisi de s’enfuir et de l’emmener au bout du monde. Si seulement. Nous laissons derrière nous le phare et les quelques habitations. Nous allons sur la plage, je viens de saisir reconnaissant les lieux où j’ai fait la rencontre de Raphaël. Et puis finalement, non. Nous prenons de l’autre côté, la où il n’y a que la nature, où je ne me suis jamais aventurée. Je le suis inlassablement quand il passe finalement derrière moi. Je suis prise au dépourvue, manque de trébucher. On va dire que oui puisque je suis toujours là. et son rire emplit l’air, communiquant je ris à mon tours sans vraiment savoir pourquoi. Je grelotte sous le vent plus puissant que tout à l’heure. Mais où sommes nous ? J’entends le fracas des vagues plus bas mais je ne vois plus rien. Ses mains se sont faufilées sur les yeux, je sursaute. J’avance tout doucement, guidée par lui et seulement lui.
Nous sommes enfin à l’arrêt, je trépigne d’impatience de découvrir ce qu’il veut me montrer. Alors à peine a-t-il finit sa questions que je réponds un Oui. sûr et déterminé.
(c) DΛNDELION
Hardin Dawson
Sam 21 Mar - 21:50
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
Il écoute sa réponse brève. Elle est consentante. Elle ne sait pas à quoi. C’est une preuve de confiance inestimable. C’est rare. Lui-même ne s’est livré à cet exercice qu’avec une seule personne : s’abandonner complètement dans une confiance aveugle. Une confiance sans limite, sans condition qu’il n’a donné qu’à son frère. Il retire ses mains des yeux de Romy et les fait glisser sur ses épaules pour la retenir, pour la plaquer contre son torse. Devant elle, la falaise disparait dans un vide béant. Tout au fond, le fracas des vagues sur les rochers disent la profondeur et la violence de la rencontre des éléments, fixes et mobiles. A celui qui vaincra. Parfois la roche cède et s’effondre, parfois l’océan se retire pour préparer un nouvel assaut. Devant et au-dessus d’eux, les étoiles les observent. « C’est le bout de monde. Après il n’y a plus de terre. Il n’y a que du liquide qui s’en va si loin qu'on ne parviendrait pas à le suivre où il va. Pas une journée, une semaine, ni un mois ne suffirait. C’est le bout de monde et c’est mon lieu préféré sur cette ile. » Il lui murmure son histoire. Nichée au plus profond de lui. Elle s’est construite jour après jour, tout ce temps passé ici : « A la lumière, il y a des oiseaux, une colonie qui niche dans la falaise. Personne ne va les déranger. Un jour, je m’évaderai de cette ile où ils m’ont enfermé parce que je ne suis pas comme les hommes veulent. Je suis moi et ce n’est pas suffisant. Alors je partirai, un jour, et les oiseaux et les vagues m’emmèneront avec eux. Je serai enfin libre. »
(c) DΛNDELION
Romy Young
Dim 22 Mar - 10:56
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
Ses mains quittent mes yeux pour se poser sur mes épaules et c’est le choc. La surprise. La peur aussi. Je recule instinctivement, me plaquant avec force contre son torse comme s’il était mon rocher à moi. J’en ai le souffle coupé, c’est magnifique et à la fois effrayant. Un simple pas en avant me ferait chavirer dans l’autre monde. Mais ses murmures m’apaisent, m’enveloppent et me transportent. Il a ce don de vous laisser sans voix, l’art des mots et de la parole. Ma tête vient se nicher dans son cou alors que je lui murmure en retour. C’est effrayant. Mais magnifique. Je comprends pourquoi c'est ton endroit, à toi. Cette falaise lui ressemble assez, magnifique à regarder mais tellement troublant qu’on a l’impression de pouvoir se noyer rien qu’en le regardant. J’essaie d’imaginer les oiseaux qu’il me décrit, de visualiser cet endroit en plein jour. Ce doit être éblouissant. Il ne s’arrête plus, m’explique qu’il a été enfermé ici. Qu’il n’est pas comme il faudrait aux yeux des autres. Qu’un jour il s’en ira. Je déglutis, il a capté mon attention. Que veut-il dire par là ? Cette révélation me touche, je sens être une privilégiée. J’aimerai tant me retourner pour scruter son visage mais je n’en fais rien. De dos il pourra peut être m’en dire plus. Qui a bien pu t’enfermer ici ? je me demande plus ça à moi même mais c’est sorti tout seul. Je ne resterai pas ici sans toi. Je plongerai avec toi dans cet océan pour te voir être toi même. Je ne sais pas si tout ça a un sens mais j’avais besoin de lui dire. Je marque une pause et me retourne finalement m’accrochant a sa chemise pour ne pas trébucher. Comment ne peut on pas apprécier ton arrogance, ta façon de nous remettre à notre place et ton air hautain ? Je ne comprends pas. C’est de la taquinerie, bien entendu et ce sourire au coin de mes lèvres en témoigne.
(c) DΛNDELION
Hardin Dawson
Dim 22 Mar - 21:09
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
Elle sait maintenant l’infini qui l’attire et le désespoir qui le consume sous son armure de chevalier noir qui n’hésite pas à sabrer celui qui lui tient tête. L’enfermement, ce n’est qu’une fin aux chapitres destructeurs entre son père et lui. « Il porte le nom de pouvoir. » Celui de son grand-père, de l’argent de son grand-père. Elle dit qu'elle est prête à le suivre. Sans qu’elle le voit, il secoue légèrement la tête, mais peut-être le sentira-t-elle, blottie contre lui. « Tu es si désespérée que cela ? Ou je suis si magnétique que tu ne peux plus vivre sans moi ? Non, quelqu’un d’aussi belle doit montrer son visage au grand jour, pas l’engloutir dans les profondeurs. » Elle se retourne et s’accroche à lui. Il cherche les deux étoiles qui n’appartiennent qu’à elle pour y plonger son regard. De nouveau, elle pose une barrière par une mauvaise plaisanterie. « A te moquer de moi ainsi, je pourrais te pousser dans l’océan. Décidément tu aimes le danger. » Il esquisse un sourire puis se met à crier en direction du vide. « Tout ce que nous touchons est sulfureux. Nous sommes des monstres qui crions la passion et ne voulons que la vivre. » Pas d’écho, les mots s’envolent dans le vent. « Tu as froid ? Tu veux rentrer ? » Il la serre dans ses bras pour la protéger contre une chute et contre le froid nocturne. Elle est sortie peu vêtue. Il s’en rend compte réellement à cet instant. Trop pris dans sa course. Trop pris à vouloir lui montrer ce lieu, vertigineux de nuit comme de jour. Il pourrait ôter sa veste pour lui mettre sur les épaules, mais le risque d’un geste mettant sa vie en danger le retient. Il faudrait reculer. Il faudrait abandonner le bord de la falaise. Il faudrait rejoindre le commun des mortels. Ou pas... « Sauf si tu veux qu’on s’envole, maintenant, ici, face à l’océan obscur ? » Il n’y a plus de sourire. Pas de peur non plus. Il pourrait y avoir une délivrance. Il n'y aurait plus d'eux.
(c) DΛNDELION
Romy Young
Mar 24 Mar - 20:00
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
Le nom de pouvoir. J’aurais pu continuer à creuser, à le questionner mais même si je ne le connais que très peu il aurait tendance à le braquer. Alors je le laisserai me conter ses mésaventures quand il sera prêt. Pour lui la beauté doit être montrée au grand jour, mais quel intérêt quand la confiance en soi n’est plus là ? On m’a ridiculisé, traîné la perte de ma virginité aux yeux de tous. Comment ne pas l’oublier ? Mais je ne le tais, je ne dis rien. Il ne s’agit pas de moi mais de lui. De son endroit préféré, celui qui lui permet de se ressourcer. Un peu des deux. Toi et le fait que je n’affectionne pas le regard des autres sur moi. Ne pas en dire trop, rester vague. Le moment venu je lui expliquerai, peut être. Je suis face à lui, contre lui. Me retient à son corps comme si ma vie en dépendait. Dans un sens elle en dépendait. Tu n’oserais pas. que je lui réponds en souriant. Et puis il crie. Des mots forts que j’ancre en moi, qui me parle, qui nous décrivent. J’ai froid oui, mais je n’ai pas forcément envie de rentrer. que je lui dans le creux dans son oreille alors qu’il me serre contre lui. Mais il va plus loin, toujours plus loin. Je n’arrive pas à en saisir le sens. S’il y a quelque chose de caché dans ses dires mais je choisis d’aller dans son sens, de lui montrer que je ne joue pas. Alors soit, envolons nous. Je tente le tout pour le tout. Je me détache légèrement, recule d’un millimètre à peine et levés bras comme si je volais. Je ferme les yeux et rêve que le vent m’emporte.
(c) DΛNDELION
Hardin Dawson
Sam 28 Mar - 19:49
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
Elle le suivrait donc où qu’aille, elle ajoute aussi qu’elle ne supporte le regard des autres. Cela l’étonne. On lui a apprit la fierté, à faire fi du regard des autres, on lui a apprit à être supérieur, le dominateur. Les autres ? Il suppose que malgré qu’elle soit prête aux défis, Romy doit avoir des faiblesses, des failles dans sa vie qui l’ont asservie au jugement qui peuvent se montrer implacable. Il faudra qu’il lui apprenne qu’être fier de soit et de ce que l’on fait est une force non négligeable à opposer à ces autres qu’elle craint. Il se promet de lui apprendre.
Elle a froid mais refuse de retourner à l’Institut. Ce serait pourtant raisonnable. Apparemment ni l’un ni l’autre ne le sont. Elle est prête à l’envol. Il sourit. Elle se détache de lui. Elle écarte les bras. Elle ferme les yeux. C’est une folie. Ils pourraient rejouer une scène de Roméo et Juliette, le vide à la place du poison. Ils pourraient. Il glisse ses bras sous ceux de Romy, il la retient, il la soulève de terre alors qu’il tourne sur lui-même en mettant dans se geste toute la puissance dont il est capable. Le risque est immense. La moindre défaillance, la moindre broussaille qui viendrait faire glisser son pied et tout serait fini pour eux. Mais tout commence ! Ils n’y a plus qu’eux sur terre, dans le ciel et dans la nuit. Il rit à gorge déployée. Il tourne jusqu’à tituber. Il la porte dans ses bras. Il s’écarte du bord de la falaise. Il ne la repose pas sur le sol. Il la garde pour lui jusqu’à retourner dans la forêt. Il rit toujours. « Tu es digne d’entrer dans le club très sélect des plus fous de ce monde. »
(c) DΛNDELION
Romy Young
Lun 30 Mar - 14:45
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
Le vent me fouette le visage, les jambes semblent pouvoir quitter le sol à tout moment mais je ne recule pas. Parce que je me sens libre. Libre de faire tous les choix que je veux, libre de m’envoler avec cet qui au premier regard m’a marqué à vie. Alors oui j’ai peur de la suite, oui j’ai peur de sombrer une nouvelle fois seulement la vie est trop courte pour regretter quoique ce soit. Je le choisis lui, cet être aussi tourmenté que moi voir plus pour un envol imminent. Je sens ses bras qui m’accroche trop, me soulèvent réellement dans les airs et je n’ai plus peur. Nous tournons, tournons et rions à en étouffer. C’est beau l’interdit.
J’ouvre enfin les yeux, essouffler mais heureuse. Je reste dans ses bras, accrochée comme à mon rocher. Il ne semble pas non plus prêt à me lâcher. Il nous emmène vers la forêt, mon visage se niche dans le creux de son cou et je le laisse me guider. Il rit toujours mais prononce cette phrase qui mentionne l’enfer. Si cet enfer est aussi ton foyer, j’y pénétrerai avec plaisir. Je relève enfin la tête, mes yeux s’accrochent aux siens et sans aucune retenue je pose mes lèvres contre les siennes. Mes mains viennent recouvrir ses joues, mes jambes se resserrent autour de sa taille alors que nous reculons toujours. Je l’embrasse tendrement jusqu’à ce que ce baiser deviennent enflammé, inespéré pour s’éteindre lorsque je lui dis : Si tu es à mes côtés, je suis prête à affronter le monde entier. C’est murmuré, à peine audible comme un secret.
(c) DΛNDELION
La Donneuse
Lun 30 Mar - 21:02
Douce enfant,
as-tu peur ?
Romy,
Hardin Dawson
Sam 25 Avr - 17:46
La falaise des lettres mortes
Romy & Hardin
« Le dernier pas sur la terre. »
La nuit est l’espace où tout est permis. Tellement permis qu’ils acceptent tous les deux cet interdit imposé par les liens du mariage. Tellement abstrait alors qu’ils sont tellement vivants. Réunis, unis, pour le pire et le meilleur. Leur lien ne se construit pas autour d’un anneau mais autour d’un pacte. Ils s’embrassent. Ils s'enlacent. ils se promettent de partager l’enfer, mais ce sera un paradis parce qu’ils seront ensemble. « Nous l’affronterons ensemble, ce monde. Nous le braverons et ne lui cèderons rien. C’est lui qui devra plier à notre bon vouloir. » Il veut y croire à cette impossibilité de mettre une barrière entre eux. Cette nuit, il n’y en a pas. Les baisers se succèdent. La respiration qui reprend l’oxygène, ajoute un encore dans un souffle à peine audible. Inutile de l’entendre, il est certain que ce mot, ils le partagent. La nuit complice pourrait durer, pourrait passer ainsi. Eux se serrant l’un contre l’autre. « Tu m’appartiens et je suis à toi. » Promesse que la passion qu’ils échangent lui fait lâcher à cette instant. Jusqu’où se permettre d’aller ? La nuit les regarde, les étoiles clignent d’un nuage. Jusqu’où sa soeur voudra.
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